L'Aventure Martiniquaise: Rendez-Vous aux Jardins

Ce week-end (2-3 juin), la France entière, y compris la Martinique, résonnent au son des jardins ! La Martinique nous propose 24 jardins pouvant être visités, découverts ces samedi et dimanche.

Nous avons décidé de visiter le Jardin Créole du Marin, ancienne habitation datant de 1831.

Sur la route, je ne peux d'abord m'empêcher de prendre en photo les flamboyants rouges ou jaunes de la Baie du Marin, en pleine floraison.

Quelques minutes plus tard, nous voici dans le Quartier Pérou. Après avoir admiré la magnifique vue des vallées plongeant dans l'Océan Atlantique, nous sommes accueillis par la propriétaire de l'habitation, âgée de 86 ans, toujours bon pied - bon œil. Elle nous dit sur un ton humoristique qu'elle ne voit plus que d'un œil, n'entend plus que d'une oreille mais qu'il lui reste un morceau de chair (montrant sa bouche du doigt)! Malgré cela, elle nous semble bien vaillante, encore, au moment où elle prendra Narcisse par le bras et qu'il constatera qu'elle a encore une fameuse poigne ! Après la question de Narcisse concernant l’origine du nom à consonance africaine de son époux, elle lui dira qu’après de nombreuses recherches généalogiques, ses aïeux seraient originaires du Bénin. Ils seraient venus en Martinique, non pas comme esclaves, mais pour aider à la construction des habitations des békés.


Au loin, la Côte Atlantique


A l'avant : safran-pays, ou curcuma


Frangipanier

Ce sera Monique, sa fille, qui nous fera visiter le domaine. Elle nous expliquera que l'ancienne aile de la maison (2 cases) datant de 1831 a été emportée par le cyclone Dean, en 2007. Le reste de la maison date des années 1950. C'est l'arrière grand-père de notre Mamie qui s'est installé dans la propriété. Celle-ci est passée de fils en fils, jusqu'à notre Mamie, qui y vit à présent. Monique, vivant à Sainte Luce, entretient le jardin de sa mère avec amour et apprend de celle-ci les secrets des herbes médicinales des Antilles, qu'elle nous livrera au cours de notre visite. La tradition, dans le temps, était que les plantes étaient placées dans un coin reculé du jardin. Ainsi, lorsqu'une voisine venait demander un remède contre tel ou tel mal, l'aïeul de notre Mamie partait dans le jardin chercher ce remède, en secret...

Elle revenait et prescrivait "Trois feuilles de ceci" et non quatre, parce que cette 4^ème feuille aurait pu lui être fatale !

Les plantes sont à consommer, oui, mais avec mo-dé-ra-tion !


Parterres de plantes aux 1000 vertus...

Quelques plantes étaient aussi reconnues comme étant antipoison ! Hé oui, il pouvait arriver que l'on soit empoisonné, en rendant visite à un voisin qui vous voulait "du bien" !

Il y a aussi la plante avec laquelle on confectionne le sérum contre les morsures de serpent. Une autre, mélangée à du rhum et enduite sur le corps fera un excellent anti-moustique !

Les herbes rencontrées, seront entre autres, l'armoise, l'aloe vera, le chardon béni, la quinine...

L'usage voulait que les martiniquais consomment une fois par semaine la soupe "Calalou" ou "Zabitan", composée d'herbes et légumes divers qui avaient des vertus dépuratives.


La citronnelle

Nous découvrirons également de nombreuses racines, telles que le gingembre, la citronnelle, le curcuma ou safran-pays (rhizome de la famille du gingembre).

Celles-ci ont de nombreuses vertus : anti-inflammatoire, anti-cancer...

Qui s'étonnera donc que de nombreux centenaires vivent paisiblement en Martinique ?


Le muscadier mâle

Nous apprendrons également qu'il existe un muscadier mâle et un femelle. Le muscadier mâle peut aussi donner des fleurs (blanches) et donc des fruits, mais en moindre quantité; le muscadier femelle fleurira (fleurs jaune pâle) également et "attendra" les graines mâles !

Le bois d'Inde, condiment qui remplace avantageusement le laurier, sous nos latitudes peut avoir différentes flagrances : l'une citronnée, l'autre... ??
A l'opposé du Bois d'Inde "grandes feuilles", ce sera le Bois d'Inde "petites feuilles" qui sera préféré dans la confection des plats antillais, parce que plus parfumé.

Le poivrier produit les baies de poivre vert et ce ne sera qu'après diverses manipulations que nous obtiendrons le poivre blanc ou noir. Les baies doivent être cueillies à même l'arbre. Cueillies à terre, elles ne seront plus bonnes.

Le ylang-ylang, nul besoin de le présenter, connu pour le parfum de ses fleurs et l'huile essentielle qui en est extraite.

Un autre arbre, le sablier - également appelé le bombardier -, au tronc rempli d'épines, produit des fruits, qui, arrivés à maturité, explosent à grand bruit, libérant des gousses d'un bois très dur, ayant la forme d'un dauphin. Les artisans confectionnent donc des bijoux ayant cette forme, sans difficulté.

Aux détours du jardin, nous côtoierons goyavier, pommier, manguier, cacaoyer, ... mais également le vanillier, variété d'orchidée, poussant en liane, le long des arbres.

Gousses de vanille


Mini ananas


Les mangues


Pommier-malacca


Le goyavier

Le cacaoyer


Jeunes pousses de cannelier

Nous avons même découvert la palette du peintre, qui a si bien coloré ce jardin; grande feuille en forme de palette pourvue de taches rouges et blanches, disséminées, telles des pointes de couleur. Merveille de la nature.


La palette du peintre

Et pour terminer la visite, nous tombons en admiration sur des fleurs ressemblant à des roses, au parfum que ces dernières leur envieraient ! Des gardenias...